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TOPOPHONIE

La petite musique du hasard

La petite musique du hasard

Qu’est-ce qu’un topophoniste ? Un "faiseur de sons dans des lieux", lancerait sans risque l’amateur de langue grecque. Juste réponse, mais qui ne rend compte ni de la couleur des sons produits, ni des lieux où ils prennent forme.

En guise de manifeste, le groupe des topophonistes décrit ainsi sa démarche musicale : "Nous avons décidé de nous infiltrer dans la nature urbaine, (...) utilisant les interstices que l’urbanisme a laissés encore en paix, de préférence le soir ou la nuit, pour un espace sonore et visuel différent." Tout musicien curieux peut donc muer en topophoniste. Il suffirait de déambuler l’oreille à l’affût - forêt ou rue, peu importe -, et d’être prêt à utiliser toute matière sonore comme élément de jeu.

Comment définir ces expérimentations musicales ? Concert ? Improvisation collective ? Promenade sonore ? Le jeune mouvement topophonique - dont le tromboniste Thierry Madiot est l’un des créateurs - préfère avancer le terme de "laboratoire". Une alliance fortuite de la musique et du hasard. Après repérage, nos topophonistes - musiciens, danseurs et comédiens - débarquent sur leur terrain d’expérience et côtoient, au gré des rencontres, piétons égarés, cyclistes fourbus, cavaliers galopant, enfants qui jouent ou se lancent des pierres. Les sons, les postures, les voix deviennent alors de précieuses offrandes au présent, loin des lieux balisés où l’écoute de la musique se monnaie. Libre au passant de s’arrêter ou de fuir ces vagabonds du son et du geste.

C’est ainsi que les topophonistes ont interprété, par une chaude soirée de juin, le long d’un bout du canal de l’Ourcq à Pantin (Seine-Saint-Denis), le Topophonie n° 4. Une dizaine d’individus munis d’attirails musicaux divers - trombone, harpe, jouets en plastique, gaines métalliques - y ont mêlé leurs sons à ceux de trains qui s’élancent, de chiens qui grognent, de bateaux qui naviguent. De cette imbrication sonore et visuelle, jets de saxophone contre bruits de tôle froissée, corps enroulé puis déplié, naît la mise en scène d’une poésie urbaine. Les promeneurs, à rollers et à vélo, traversent surpris ce fouillis nocturne, avec en toile de fond la luxuriance d’un feu d’artifice à La Villette. Plus tard, les mêmes agitateurs d’atmosphère ont arpenté, rendu sonore une passerelle de la gare de triage de Drancy.

En d’autres temps, les serres d’Auteuil, la forêt de Fontainebleau et la gare Montparnasse servirent elles aussi de terrain d’exploration aux topophonistes. De ces rencontres presque clandestines jaillit l’idée réjouissante d’une musique brute et éphémère, électrisant les paysages.

Martine Rousseau

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Par Motercalole 19 mai 2010 : Kevvin 16

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